🇫🇷 Aiton : le rap carcéral fait le buzz

Deux enquêtes ont été ouvertes par la justice afin de déterminer les conditions de tournage d’un clip de rap en prison qui tourne sur les réseaux sociaux.

Il s’appelle Bibicraveur. Un rappeur grenoblois de seconde catégorie, qui pourrait toutefois signer le tube de la fin d’été. Au moins en prison.
C’est en effet à Aiton, centre pénitentiaire situé non loin de Chambéry (Savoie), que Bibicraveur est incarcéré. C’est là aussi qu’il poursuit sa carrière musicale depuis sa cellule, et qu’il vient de tourner le clip de son dernier morceau, « Afrorate ». Sur Internet, la vidéo flirte avec les 300 000 vues. Sur un rythme chaloupé, on y voit une quinzaine de détenus osciller en cadence, certains torse nu, d’autres visage dissimulé, tous hilares. En bande-son, Bibicraveur enchaîne les rimes, parfois approximatives. « Déjà tout petit, je bicravais (NDLR : dealais) mes Lego », scande le Grenoblois, qui avance avoir été condamné à une peine de plusieurs années.
La prison, « on va tous en partir […], y a que les murs et les matons qui restent. » En attendant, le rappeur et ses codétenus semblent à l’aise dans leur univers. Les séquences s’enchaînent : prisonniers charpentés multipliant les pompes ou tractions, quand d’autres moins sportifs s’entraînent à la PlayStation ou roulent ce qui ressemble à s’y méprendre à des joints de cannabis.
« T’as l’impression qu’ils sont à la fête des voisins, sans pression », commente un internaute sur le site Actu pénitentiaire. C’est cette page, laquelle agrège comme son nom l’indique l’actualité du milieu carcéral, qui a repéré la première la vidéo mise en ligne ces derniers jours. « On me l’a envoyée, et j’ai vite identifié l’établissement », raconte Olivier*, son administrateur.
« Malheureusement, je ne suis pas surpris, soupire un surveillant que nous avons pu joindre par ailleurs. On sait qu’il y a beaucoup de portables en prison. Mais ça n’en reste pas moins choquant et déplorable. Ça illustre le manque de moyens pour empêcher certaines marchandises de rentrer dans les établissements. »
Dès le clip connue, le procureur de la République d’Albertville a diligenté une enquête, confiée à la gendarmerie. Dans le même temps, des investigations internes seront conduites par l’administration pénitentiaire. « Elles viseront à identifier les détenus présents à l’image et leur responsabilité, indiquait hier soir un porte-parole. Ceux qui seront confondus seront traduits en commission de discipline. » Ils risqueront alors jusqu’à quatorze jours de placement en quartier disciplinaire. Quant aux éventuels possesseurs de téléphone qui se feraient prendre, ils encourent cette fois jusqu’à cinq ans de détention supplémentaire.
« Allez, tape des mains, la section sera peut-être fouillée demain », fanfaronne en musique Bibicraveur. L’avenir proche devrait certainement lui donner raison. D’autant que le rappeur n’en était pas à son coup d’essai. Depuis janvier, en atteste sa page Facebook, il avait diffusé et revendiqué plusieurs morceaux « clipés, enregistrés et montés en prison ».
 * Le prénom a été changé.
Le Parisien

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1 Commentaire

  1. Pas d’injures, pas de violences, juste une création musicale plutôt techniquement bien faite qui permet aux détenus de passer un moment convivial dans un environnement habituellement très tendu. Faut-il que les détenus soient en souffrance permanente pour assouvir l’ego des acteurs d’une justice défaillante et inféodée au pouvoir politique, plus prompte à juger les faibles que les puissants? En fait, le problème de ce clip est qu’il ait été publié et visionné par des centaines de milliers de personnes et met donc en exergue la médiocrité des magistrats et des directeurs d’établissements pénitentiaires et leur incapacité collective à faire respecter les règles établies.

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