🇫🇷 Surveillant pénitentiaire, le dernier rempart

Un vendredi soir comme les autres près de Bordeaux, aux alentours de 17h. A. arrive un peu à la bourre chez lui, dans un petit appartement situé à quelques minutes de la maison d’arrêt. « On avait perdu un détenu au moment de l’appel mais on l’a retrouvé », justifie-t-il pour excuser son retard. Une fois arrivé chez lui, café et clope sont de rigueur. Il pousse la baie vitrée donnant sur un jardinet exigu, avec pour relief des tours d’appartements proprettes. Ce qui nous frappe tout de suite et qui détonne par rapport à l’agitation de la rue, à quelques mètres de là, c’est le silence. Religieux, presque anormal. On a l’impression d’être entré à l’intérieur d’une bulle qui échappe un peu au temps. « Dès que j’arrive chez moi, il faut que je coupe », nous dit A. Couper de la prison dans laquelle il est gradé au sein du quartier des arrivants depuis 2007. Ce père de quatre enfants, est, avec sa famille, assez peu disert sur les réalités de son métier. « Je parle rarement de ce qu’il se passe. Je raconte quelques trucs, mais jamais quand c’est violent ». Pourtant ça l’est, verbalement comme physiquement. A. dit qu’il a un mental solide, son cocon familial a l’air d’y prendre une grande part. Il a poussé pour la première fois les portes de la prison de Gradignan il y a onze ans et n’a pas encore atteint celle de la cinquantaine. Tout en certifiant qu’il ne s’agissait nullement là d’une vocation, il va nous dévoiler qu’au fur et à mesure des années il a acquis de l’expérience et quelques leçons entre ces murs si coupés de la réalité, cet univers qui n’obéit à rien d’autres qu’à ses propres règles. « On ne devient pas surveillant par vocation, c’est impossible », nous dit-il, et on a bien l’impression que c’est avec franchise qu’il tente d’expliquer pourquoi. Mais alors, comment le devient-on et qu’est ce qui nous permet d’y rester ? La réponse est, à coup sûr, bien plus complexe que la question. Ayant bien digéré les incohérences de Prison Break, on a demandé à A. de nous parler de la vraie vie, avec le moins de filtres possibles. Il a accepté le contrat.

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