La jeune femme de 21 ans, fichée S interpellée samedi lors de la manifestation anniversaire des Gilets jaunes a été jugée en comparution immédiate dans une salle d’audience bondée et survoltée.
Lors de son interpellation samedi après-midi, elle se serait jetée au sol et aurait tout fait pour entraver sa conduite vers le commissariat. Comme le relate Le Point, elle était jugée sous le coup d’un sursis pour une précédente condamnation datant de mai 2019. À son actif, la diffusion d’une « vidéo sur la fabrication d’un engin destiné à attenter à l’intégrité physique », selon le magistrat qui a énuméré à l’audience les six sanctions pénales figurant dans son casier judiciaire pour seize « rôles » au fichier du traitement des antécédents judiciaires dont six dégradations de biens, trois participations à un attroupement armé et deux outrages. La jeune femme continue d’inquiéter les policiers, devenus ses cibles privilégiées ces derniers mois. Elle se rend régulièrement à proximité des services de police pour y relever des informations personnelles sur les fonctionnaires qu’elle croise. Avant de les diffuser, selon la police, sur son compte Facebook « Acab Land » (pour All cops are bastards) supprimé depuis.
Interpellée le 14 novembre, aux abords d’un commissariat porteuse d’un sweat sur lequel figurait la mention ACAB en grosses lettres. Elle avait été vue en train de photographier des policiers et leurs véhicules personnels. Interpellée un mois plus tôt, le 15 octobre, devant un autre commissariat, en procédant à son contrôle, les policiers ont découvert qu’elle faisait l’objet de deux fiches : une fiche S et une fiche I, qui lui interdit de porter ou de détenir une arme. Interrogée, elle ne cachait rien de son activisme : elle affirmait détenir des informations sur des fonctionnaires de police dont elle se sert pour alimenter un fichier informatique avec leur nom, prénom, adresse, photo, etc. Elle y décrit également le comportement de chaque policier, agressif, docile, insultant. Elle prétendait garder ces informations pour elle-même mais envisager de s’en servir le jour où un gardien de la paix commettrait un acte qui justifierait qu’on révèle de tels renseignements personnels, et ce, dans le but de nuire. Elle affirmait également savoir qu’elle faisait l’objet d’une fiche S.
Jugée ce lundi, le procureur ne s’est pas laissé attendrir par ses larmes ni par ses regrets surjoués laissant croire qu’elle en avait « marre de cette situation de poursuite judiciaire permanente » et réclamait 10 mois de prison contre la jeune femme. Les magistrats du TGI ont décidé de la relaxer, ils l’ont cru sincère. Nul doute que cette décision risque de susciter l’incompréhension dans les rangs de la police.