Mourad Farès, l’influent recruteur de djihadiste était jugé depuis lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris pour avoir enrôlé des dizaines de Français à partir combattre en Syrie.
Lors du procès, Mourad Farès a raconté son enfance heureuse à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie au sein d’une famille musulmane dont “la seule pratique religieuse suivie est de faire le Ramadan”. Il n’a pu en revanche soutenir le regard lorsque la question de son orientation sexuelle est arrivée dans les débats. Après son bac, l’étudiant fréquente des boîtes de nuit gay, entretient des relations avec des hommes, sérieuses, mais cachées. “Être gay dans une famille musulmane, ça ne se fait pas”, selon les commentaires d’un ami dans BFM. À la suite d’un décès familial, puis d’une rupture douloureuse, il se met “en quête de spiritualité” et trouve des réponses dans des vidéos YouTube d’un prêcheur intégriste niçois d’origine sénégalaise. Outre les vidéos complotistes, ce dernier diffuse des appels au jihad qui trouvent progressivement un écho chez Mourad Farès. Le prédicateur, qu’il considère alors comme un “érudit” l’encourage à rejoindre la Syrie pour expier ses péchés, c’est-à-dire son homosexualité.
Comme le relate Le Figaro, Mourad Farès reconnaît avoir «facilité le passage à de nombreuses personnes», et en avoir incité d’autres à partir «sur zone», y compris son petit frère. Le Franco-Marocain paraît ému à plusieurs reprises, notamment lorsque la présidente évoque le nom de Foued Mohamed-Aggad. Ce dernier est parti en Syrie en décembre 2013 avec un petit groupe de Strasbourgeois (la “filière strasbourgeoise”) qui étaient en contact avec Mourad Farès. Il n’est réapparu que fin 2015, pour semer la mort lors des attentats du 13-Novembre. La représentante du ministère public réclame 22 années de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers à son encontre. Comme l’explique Esther Paolini, journaliste à BFM, incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, Mourad Farès a repris les études et validé un Master 1 en mathématiques. Les éloges pleuvent sur cet “élève brillant”, aux “capacités intellectuelles évidentes”, qui “aurait eu toute sa place en classe préparatoire aux grandes écoles”. Il garantit avoir pris de la distance avec l’islam radical, “Avec mon expérience en Syrie, j’ai pu me rendre compte de la fausseté de cette idéologie qui mène au jihadisme et au terrorisme.” Durant les cinq jours d’audience, l’ex-jihadiste a fait preuve de repentance, “Je tiens à dire que je regrette complètement, je me demande comment je n’ai pas compris ce qui n’allait pas plus tôt.” Le tribunal le condamne à 22 ans de prison pour “participation à une association de malfaiteurs terroriste”, “direction ou organisation d’une association de malfaiteurs terroriste” et “financement d’entreprise terroriste.”